Une sœur pèlerine du
Chemin, Josuah REY, née poète, auteure de « Mon Chemin de Compostelle, Verdurlure
et Carabistouilles » s’adresse aux « gardiens et gardiennes de l’humaine
survie », ce 28/03/2020.
« Poème de
soutien envers les soignants.
Pour
toi, unique et essentielle, et pour tous les autres, de même.
J'ai cueilli les
premières fleurs, la trille des oiseaux dans les branches et les lents
troupeaux de nuages mollement bercés par le vent.
Détourné,
de leur cours, les fleuves pour qu'ils t'apportent en leurs voyages, ces
incroyables paysages qui plongent en leur miroir sans fond.
J'ai
attrapé dans mes filets, des rires d'enfants, cascades de joie, leurs
galipettes de cabri, de lutins espiègles et ravis, leurs histoires sans queue
ni pieds, leur sommeil plein de rêves, aussi, et leurs grands yeux émerveillés.
J'ai
demandé à la fontaine, mains ouvertes, sous le vieux chêne, de t'offrir, à
flot, son eau vive, née des sources mystérieuses, ventre fécond des
profondeurs, mémoire des arbres pétrifiés, fille des pluies, de la rosée, des
sources fraîches sous la feuillée.
J'ai
prié, pour toi, la nature qu'elle te bénisse et te protège, les Dieux, Merlin
et toutes les fées tapies, rieuses, sous l'églantier.
À
tout ce qui vit et respire, au cœur des mondes palpitants, à cet univers tout
vibrant dont nous sommes la goutte infime, j'ai parlé de toi. À mon chat et à
ma voisine, aux insectes du champ moussu et au vieux père Arbate, aussi, sous
sa moustache de pissenlit.
J'ai
glané, au vert des forêts, des brassées de roses bruyères, d'aubépines, du bois
joli, des champignons et des pervenches, barbe de bouc et potentille,
rassemblés dans mon tablier, toutes leurs fragrances en bouquets.
J'ai
pêché, cette nuit, la lune dans le lac presqu'immobile pour la couler dans tes
cheveux, fanal d'or, éclat feux follets. Pour qu'à sa lumière en croissant, tu
veilles sur nos souffles fragiles, vestale tisseuse aux mains d'argiles,
penchée sur nos corps affaiblis, gardienne de l'humaine survie.
J'ai
ouvert tout grand les fenêtres d'où montent des chants et des hourras, des
ballades, des opéras. J'ai vu danser sur les balcons, saltimbanques, fils des
étoiles, mes voisins, à la nuit tombée, de cette danse réconciliée de l'homme
en sa fraternité.
Des chorales se
forment et s'élèvent, en hymnes de reconnaissance, timides, maladroits, puérils,
bouleversants, fougueux et intenses.
J'ai
rassemblé toute les vies, humaines, animales et sylvestres, pour toi, qui,
inlassablement, jour après nuit, à nos côtés, veille de mille gestes apaisants,
salvateurs, prodigues et savants. Toi qui nous donne, sans compter, ton temps
d'abeille laborieuse, le miel d'or de ton sourire, ta rassurance et ta gaieté par-delà
ton regard épuisé.
Accepte,
amie, ce poème, qu'il s'envole, simple et léger, pour que tous, l'on garde en
mémoire ces temps graves et tourmentés, où renait notre humanité.
Pour
toi, unique et essentielle, et pour tous les autres, de même.
Courage
et amitié à vous qui m'êtes tout autant présents au cœur. » Josuah REY.
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