Rédigé par Catherine Maillard, publié le 3/05/2016.
Bien déterminé à faire son rite de passage de
petit homme, Santiago, 7 ans décide de marcher jusqu’à Compostelle. Accompagné
par sa mère, tous deux accompliront un périple
de plus de 1000 Kms en 42 jours de marche.
Retour sur un chemin initiatique, une aventure hors du commun dont ils sortiront transformés.
de plus de 1000 Kms en 42 jours de marche.
Retour sur un chemin initiatique, une aventure hors du commun dont ils sortiront transformés.
Santiago va avoir 7 ans, l’âge auquel les enfants indiens faisaient un
rituel pour devenir de petits hommes, apprendre à affronter leurs peurs et se
surpasser. Santiago, d’origine franco péruvienne par sa mère vit à
Fontainebleau ; il va choisir son propre rite de passage. Un soir, alors qu’il
est l’heure de se coucher, l’enfant annonce à sa mère d’un ton déterminé : « je veux aller marcher sur mon chemin, sur le chemin de
Compostelle ! ». Une décision qui prend racine dans les choix
éducatifs de Céline Anaya Gautier. Celle-ci tente, en effet, de transmettre à
ses enfants de ne pas s’égarer sur la voie des Super Héros des jeux vidéo et
des productions Hollywoodienne, nouveaux référents d’une époque virtuelle, mais
bien de devenir le héros de leur propre légende. « Alors l’extraordinaire, surgira des mille et une situations
ordinaires qui balisent le chemin d’une vie ! » s’enthousiasme-t-elle.
Le choix de ce périple entraînera de nombreuses discussions, au terme desquelles, tous deux projettent d’abord de se rendre jusqu’au passage des Pyrénées, « son père est espagnol, ça a du sens ! » commente Céline. Un périple qui représente 3 jours de marche en France, 2 en Espagne ! Mais ce voyage va les emmener bien au- delà de leurs rêves ! Après 6 mois de préparatifs, un pas après l’autre, tous les deux parcourront plus de 1000 kms, soit 42 jours de marche. « Parce que difficile n’est pas impossible ! » se répète Santiago. Un mantra qui scande sa vie, depuis sa tendre enfance. Retour sur les étapes clés de ce chemin initiatique, entre émotion, prises de conscience, rencontres… Une invitation à prendre avec cet enfant notre bâton de pèlerin, et à nous transformer.
Le choix de ce périple entraînera de nombreuses discussions, au terme desquelles, tous deux projettent d’abord de se rendre jusqu’au passage des Pyrénées, « son père est espagnol, ça a du sens ! » commente Céline. Un périple qui représente 3 jours de marche en France, 2 en Espagne ! Mais ce voyage va les emmener bien au- delà de leurs rêves ! Après 6 mois de préparatifs, un pas après l’autre, tous les deux parcourront plus de 1000 kms, soit 42 jours de marche. « Parce que difficile n’est pas impossible ! » se répète Santiago. Un mantra qui scande sa vie, depuis sa tendre enfance. Retour sur les étapes clés de ce chemin initiatique, entre émotion, prises de conscience, rencontres… Une invitation à prendre avec cet enfant notre bâton de pèlerin, et à nous transformer.
Le caillou : l’intention !
La tradition veut que lorsqu’on fait le pèlerinage de St Jacques de
Compostelle, le marcheur dépose à l’issue de son voyage, une pierre de chez lui
! De quoi la pierre est-elle chargée ? D’une intention qui accompagne chacun de
ses pas. Santiago garde la sienne secrète. « Il n’a pas besoin de tout me
dire, il faut qu’il se fasse confiance »commente Céline. Son message
: « Le plus important est de vivre ton aventure. C’est à chacun de
devenir son propre guide spirituel. » Ainsi la pierre au fond
de son sac résonne de ces mots : « la seule vérité c’est la
tienne, il faut que tu apprennes à t’écouter. Alors, tu pourras cheminer ! » Ainsi
Santiago chérit son intention secrète, et apprend qu’il y a un endroit où il
est seul avec lui-même. Sa première clé d’émancipation, qui lui permettra de
marcher à plusieurs reprises seul sur le chemin, provoquant à la fois de la
fierté chez sa mère, et un pincement au cœur. « J’assistais sans doute aux
derniers instants d’enfance » !
Le Bâton du pèlerin !
Le Bâton du pèlerin !
« Moi
je déteste les bâtons », s’amuse Céline, qui avoue avoir fait le choix dans sa vie, de ne
s’appuyer sur personne d’autre qu’elle-même. Une certitude que remet fortement
en cause le chemin de Compostelle, dont le bâton est un symbole emblématique,
un soutien !
Santiago manifeste d’emblée un rapport spécifique avec cet attribut : « Maman, sans mon bâton, je ne serais pas un vrai pèlerin ».
Il en trouve un, qu’il patine avec attention… puis qu’il casse dans l’escalier
de sa maison. « Son premier deuil : celui du bâton parfait »,
se souvient Céline. Dépassant sa tristesse, il en trouvera un autre… qu’il
oubliera avant de partir. Deux évènements qui l’impactent et interrogent sa
capacité à marcher ce chemin. L’initiation est déjà là : faire confiance au
chemin. « Il y en a forcément un qui t’attend quelque part »,
lui souffle sa mère. Il le trouvera, des kilomètres plus tard, devant une
croix, alors qu’il ne le cherchait plus. Un rendez-vous qui se déroulera comme
un rituel : Santiago lui demande la permission, comme un ami à qui on propose
de faire la route ensemble, écoute la réponse, et le prend en le remerciant.
Le chemin : la voie de l’alchimiste !
Au détour de la route, une inscription : « C’est à propos du chemin, non
de la destination ». Une phrase que chacun d’entre nous a entendue
cent fois, mais qui ici prend toute sa dimension. Chaque pas est une porte,
l’arrivée au gîte de l’Alchimiste en est une importante. « Santiago, tu sais ce que c’est un alchimiste ? » demande
Céline à son fils. Elle poursuit : « Il nous parle de notre
capacité à nous transformer, plutôt que chercher à transformer les autres. » La
transformation intérieure se joue à chacun des pas, et les pèlerins
l’apprennent parfois à leurs dépens ; le chemin possède ses propres règles, ses
épreuves, ses embuches et ses récompenses. « C’est un jeu d’endurance et
de "dé-maîtrise" de soi », confirme Céline. Pour Santiago
et moi, ce voyage c’est à la fois le chemin d’un enfant qui veut devenir un
petit d’homme, celui d’une maman qui doit apprendre à laisser grandir son
enfant, et d’un binôme qui doit trouver sa cadence dans le profond respecte de
chacun. Et sans que l’on ait vraiment décidé, la transformation a lieu :
désapprendre la société pour apprendre la vie et pas seulement en apprivoiser
le sens.
Dépasser ses limites : un choix de conscience !
Nous avons tous rencontré sur le chemin, un moment où nous avions accompli
le but que nous nous étions fixés. Alors le contentement est là. Pourtant, au
fond de soi, une petite voix nous souffle, que ce que nous pensions être le but
n’est en réalité que la première marche vers quelque chose de plus grand, qui
nous dépasse, et qui est la véritable destination. Allons-nous franchir cette
étape, oser ?
A 7 ans, pour son passage de petit d’homme, Santiago est confronté à ce
choix, celui de vivre son destin, ou de se contenter d’avoir atteint son objectif
! L’Espagne est là devant eux, juste à la stèle, ils viennent de parcourir deux
cents kilomètres. Un dialogue s’ensuit : « Si tu décides d’aller au
bout, je te pousserai même dans les moment difficiles, pour que tu réussisses
ton défi. Un passage de petit homme c’est dur, et c’est parce que c’est ainsi
que tu seras fier de toi, » énonce Céline, avec fermeté et
bienveillance à la fois. « Que penseras-tu de moi, si
j’abandonne ? » questionne Santiago. « Cela n’a aucune importance, ce que penseront moi ou tes amis. Ce
qui est important c’est ce que tu penses de toi-même. » Santiago
chemine dans son monde intérieur, il est imperturbable, il a une décision à
prendre. Il ne savait pas ce que c’était de marcher, maintenant il sait. Il
choisira en conscience de poursuivre.
Les victoires : Dépasser la peur de la mort
Petit Santiago a souffert d’une pneumonie dont il a failli mourir. Depuis,
la peur de la mort ne le quitte plus, au moindre rhume, son ombre se profile.
Ce voyage y mettra un terme. « En aucun cas, ça n’a été une
intention de le confronter ainsi, c’est juste que nous avons pris le temps
d’écouter la vie, et ce qu’elle nous présentait sur le chemin pour grandir ! » précise
Céline. Sur la route de Compostelle, la mort côtoie sans cesse la vie. Comme en
témoigne une première rencontre avec Robert, qui fait le chemin, suite au
suicide de son fils. Son cas n’est pas isolé, d’autres pèlerins « marchent » la perte d’un être cher. Sur le
chemin, la mort prendra plusieurs visages : celui d’un oiseau sur le bas-côté,
puis de carcasses d’animaux, comme autant d’indices laissés par la vie sur la
nature de son impermanence. Plus possible d’y échapper pour Santiago: « maman, je ne veux pas mourir ! ». « Chéri il y a des morts, à
chaque seconde, et des naissances aussi : c’est le cycle de la vie, c’est ainsi
et tu ne peux rien y changer. Tu dois l’accepter, » répond sa
mère. Etape par étape, Santiago va y faire face, et vaincre sa terreur. En
l’acceptant. « Une victoire fondamentale », se
réjouit sa mère.
Le chemin a sa propre volonté !
Arrivés à Foncébadon, Céline présente des signes d’épuisement. Le lendemain
est une étape importante, la Cruz de Ferro, 772,8 kms, où l’on dépose sa
pierre. A deux doigts de tomber dans les pommes, elle devra se rendre à
l’hôpital, elle n’a pas le choix ! Son défi à elle ? Laisser Santiago seul au
milieu de la montagne marcher avec d’autres pèlerins rencontrés récemment.
Son fils va trancher : « tu dis toujours que le chemin
te donne ce dont tu as besoin, alors accepte que je doive continuer seul. » Alors
qu’elle monte dans le taxi qui l’emporte vers la ville, Santiago poursuit sa
route la petite troupe, Gran Zapato, Françoise et d’autres, pour partir déposer
le caillou que tous deux avaient ramassé ensemble à Fontainebleau. Qui aurait
pu dire, qu’à ce moment - là, elle n’y serait pas avec lui. Il fallait qu’il le
vive seul, par lui-même, et sans sa mère. Le chemin a sa propre volonté, sa
propre loi que nous ne pouvons percer. Quand Céline le rejoint plus tard, ce n’est
plus avec un enfant, mais un petit d’homme, avec qui qu’elle parcourra les
derniers kilomètres qui les séparent de Compostelle ! « J’ai appris que dans la vie, tout est possible, que mon meilleur
ami c’est moi, que partager c’est mieux que d’avoir, que chaque chose que l’on
fait dans la vie a une conséquence » nous livre Santiago, avec
la fierté d’un petit homme qui a accompli un périple hors du commun.