Les
témoignages actuels de divers pèlerins rendent compte, en cette mi-mai 2013, de
l’arrivée de la pluie sur les Chemins de Compostelle. Ils m’ont donné l’idée de
retrouver dans mes lectures des passages liés à la pluie ou à l’orage.
D’abord dans l’ouvrage d’Olivier Lemire, « l’esprit du
Chemin », le passage consacré à la pluie, lors de l’arrivée de l’auteur
dans la vallée du bonheur (Saint Sauveur Camprieu, Gard) :
La pluie sur
le Chemin, « l’épisode cévenol »:
« D’abord
une bruine légère et presque agréable, rafraîchissant le visage et maintenant
en éveil ; puis une chute régulière, fruit d’un ciel gris et uniforme,
sans souci du spectacle ni intention de nuire ; ensuite un rideau dense de
gouttes plus grosses, qui chasse l’humour et fait hâter le pas ; et enfin
un déluge permanent venu du sud, poussé par des nuées coléreuses, striées d’éclairs
intempestifs et nerveux, capables de faire du marcheur une chose si ténue qu’il
disparaît dans un paysage démesuré. Et c’est finalement un rideau ininterrompu,
qui transforme le ciel en ténèbres, et porte à en finir au plus vite. Il s’agit
désormais de sauver sa peau. »
Voici ensuite
comment Pierre de Lune, dans « Tous les matins, nous prenons le Chemin… »
(Éditions Lulu) parle d’un fameux orage, le 9 mai 2010, vers Arthez de Béarn :
L’orage sur le
Chemin, « l’épisode béarnais ».
« L’orage
qui fond sur nous à toute vitesse, va nous obliger à faire le dos rond, car
nous sommes encore à deux kilomètres d’Uzan. C’est une vision de fin du monde,
le ciel semble toucher la terre, les éclairs zèbrent le ciel jusqu’au sol et je
considère, un instant avec inquiétude, mes bâtons de marche en aluminium, me
demandant si je dois m’en séparer ? Non seulement il pleut très fort, mais
le vent souffle, soulevant nos capes. Je suis mouillé presque jusqu’à la
taille. De temps en temps, un grand claquement de tonnerre nous fait rentrer la
tête dans les épaules, mais nous continuons néanmoins à progresser. Les Pyrénées,
si belles il y a deux heures, ont disparu, avalées par la tourmente…. »
Voici comment
Audrey Ferraro, dans « un amour de camino » (éditions Publibook) raconte
la pluie violente apparue lors de l’étape Burgos-Hontanas, le mercredi 17
octobre 2001.
L’odeur de l’herbe
et des champs entre Burgos et Hontanas :
… « Des
nuages noirs s’invitent dans le paysage où alternent endroits dénudés, champs
cultivés et pâturages….Un fort vent de face balaye les environs et durcit la
marche. Le pénible chemin caillouteux s’engouffre dans la vallée de San Bol…La
pluie commence à tomber. Ester enfile son poncho et un pantalon de pluie par-dessus
le short. L’averse redouble d’intensité dans cette lande jalonnée de monticules
de pierres, de champs cultivés, de pâturages et de quelques chênes nains. Face
à elle-même et aux éléments naturels qui se déchaînent, c’est la première fois
que la jeune femme ressent une telle symbiose avec le Chemin de Compostelle.
Cela fait
maintenant deux heures que des trombes d’eau s’abattent sur son poncho. Prise
entre le ciel et la campagne de Castille, la pèlerine fait corps avec le Chemin….
Au terme d’une descente hasardeuse, Hontanas apparaît enfin dans un repli de terrain.
Après trente kilomètres d’efforts, Ester puise dans ses dernières forces.
Pourtant, elle regrette déjà la symbiose avec la nature, le silence, la pluie
et puis l’odeur de l’herbe et des champs, amplifiée par l’humidité »….
Photos prises
entre Hornillos del camino et Hontanas, août 2012.
Entre Hornillos del camino et Hontanas. |
L'arrivée à Hontanas. |
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